LA NOUVELLE BAGUETTE MAGIQUE DU LUXE
L’autre nuit, sujet à une insomnie et non pas du Seigneur, j’ai regardé « The White Lotus », la série de HBO où quand les marques de luxe s’accrochent aux séries comme des naufragés à leur bouée qui sert de sémaphore. Depuis son lancement, la série ne se contente pas de divertir et de polémiquer, elle transforme chaque lieu de tournage en Mecque du tourisme de luxe, et ainsi chaque accessoire devient le Graal du consumérisme pour les hôtels, et bien sûr, les marques flairent l’opportunité comme un parfumeur en manque d’inspiration.
Voici donc le tourisme de luxe sous hypnose, où chaque saison est associée à une nouvelle destination, Hawaï, la Sicile… et où des clients riches, déjantés et alcooliques, drogués aux amphétamines et au sexe se retrouvent. The White Lotus nous brocarde l’écosystème du luxe sans véritablement d’exagération. Seuls quelques « Happy Few » connaissent ces hôtels qui affichent complet avant même que vous ayez eu le temps de faire votre recherche sur Google, et où le prix d’une nuit renflouerait la dette du Bangladesh.
Comme par magie, une robe aperçue trois secondes à l’écran par deux bimbos plus prostituées qu’égéries, sera en rupture de stock quelques minutes plus tard. Une valise portée par un riche client qui part pour tromper sa femme, c’est le Jackpot pour les marques Gucci et Dolce & Gabbana. Bref, tout le monde a compris que « The White Lotus » est le défilé de mode le plus efficace depuis la Renaissance et l’âge d’or de la perle, pour que les Fontaines soient des hommes affables.
Mais étrange ! Dans la série, un des personnages souhaite ouvrir un spa, et personne ne pense à caser un flacon Guerlain ou une crème Dior dans la salle de bain. L’Oréal, LVMH… vous dormez ou quoi !
Se ruer sur le succès d’une série, c’est aussi prendre des risques, et le seigneur, dans sa grande sagesse, ne souhaite pas surfer sur la vague du hype, quitte à s’échouer à la prochaine marée. Lui, il vend Paris et la France deux fois millénaire. Il réserve certainement sa série pour les propres hôtels du groupe, où l’objet serait, « Qui est plus riche que riche à la Samaritaine ou au café Dior ? » Le marketing moderne est un grand numéro de funambulisme entre désir et overdose. Overdose est le mot. Ainsi, trouver cela génial ou complètement absurde, là est la question ?
FM