DSQUARED 2
Trente ans de création, et les frères Caten avancent toujours à la manière d’une cavalerie romaine… en retard, mais avec panache ! Mardi soir, leur show était aussi extravagant que la crinière de lionne de Naomi Campbell, 54 ans, un mix improbable entre les boucles sauvages de Tina Turner et les jambes interminables d’Adriana Karembeu, le tout saupoudré d’un brin de Cher dans sa période disco ébouriffée.
On aurait dit que le cortège de Bacchus avait fait une halte sur la 54ᵉ rue de Manhattan, troquant les toges pour des jeans taille basse et transformant le catwalk en temple des plaisirs du Studio 54. Entre go-go boys huilés, bikers bad-ass et avatars du YMCA, le spectacle flirtait avec l’orgie vestimentaire digne d’un banquet romain… mais avec plus de paillettes et moins de raisins.
Au menu du vestiaire : casquettes de camionneur et de trappeur (pour le côté gladiateurs des routes), t-shirts à slogans façon oracles modernes, smokings classiques et canadiens (parce que même César aurait eu besoin d’une doudoune par -30°C) et robes de soirée sexy pour les prêtresses de la nuit. Autant dire, une garde-robe sculptée dans le marbre de leur style depuis des lustres.
Avant le défilé, une lettre touchante distribuée au public rendait hommage à leur muse et bienfaitrice, la photographe canadienne Julie Enfield. En 1976, alors que les jumeaux n’étaient encore que de jeunes faunes bagarreurs des forêts de Toronto, elle les a pris sous son aile. Aujourd’hui atteinte de la maladie de Parkinson, elle reste l’inspiratrice de leur empire mode.
Puis, apothéose finale : menottés et extraits d’une voiture de police par la sculpturale Brigitte Nielsen en mode gladiatrice des podiums, les frères Caten ont été poussés vers la fosse photos sous une seule accusation : « Coupables de mode féroce ! » Verdict ? Incontestablement coupables… mais toujours libres d’user et d’abuser de leur style anachroniquement déjanté.
FM