VUITTON ENTRE CRACK ET COUTURE

FHCM

La navette officielle de la Chambre Syndicale nous a abandonnés boulevard Sébastopol cause d’embouteillage massif, là où l’élégance parisienne vient faire un dernier clin d’œil au luxe de la Dame du Châtelet et où commence l’Europe Afro Européenne. Cela nous fait plonger dans le chaos de la gare du Nord, ancienne ascension pour Londres. Pour un instant, on s’est demandé si Nicolas Ghesquière n’allait pas nous embarquer en Russie pour faire plaisir à Trump et au Seigneur pour un petit détour stratégique vers la guerre de la soie ou les nuits de Satan noir ? Car l’escale poétique de l’Étoile du nord ou l’Étoile polaire, la plus brillante de la constellation de la Petite Ourse, pourrait donner le ton à des fourrures d’automne.

C’est l’ancien bastion de la SNCF aux relents de TGV en grève, récemment ripoliné à grands coups de budgets culturels et de désinfections urbaines ; Exit les dealers, les clochards, les âmes égarées, place aux silhouettes affûtées, aux escarpins futuristes et aux vestes architecturales. Louis Vuitton redessine les contours du cool dans un « no man’s land » gentiment nettoyé pour l’occasion. Le luxe, toujours à la frontière du sublime et du sordide.

Nicolas Ghesquière, dans toute sa gloire dystopique, a pris possession des lieux avant que les futurs occupants ne viennent y déposer leur matelas. Le défilé ? Un ballet cyberpunk d’amazones urbaines tout droit sortie d’un film dans lequel Blade Runner aurait matché avec « Le Fabuleux Destin d’Amélie câlin » dans une ruelle mouillée de bimbos pour l’anatomie d’une chute d’invertébrées. De la toile plastique high-tech, aux cuirs chromés, et sacs monogrammés bien remplis pas des billets de blush et de Coke Cola réunis, afin de tenir le coup jusqu’à la Fashion Week milanaise, il faut bien un petit remontant.

Car oui, les clientes de Vuitton ont désormais une routine : une clope, une photo devant un mur en friche, et une gorgée de soda bien sucré avant de repartir faire « les beaux de providence » chez Dior. Les temps changent, la mode s’adapte, et la magie de la réalité augmentée où dans ce conte, un simple d’esprit voit sa chance de terminer idiot multipliée par trois… Un comble !

FM