VALENTINO PAR MICHELE
Pour obtenir une invitation pour le défilé d’Alessandro Michele pour Valentino, c’était aussi difficile que de trouver un masque FFP2 pendant la pandémie. Nonobstant, c’était l’événement, le plus attendu de la semaine, pour ses débuts avec la marque Italienne. Si j’ai attendu si longtemps pour donner mon opinion, c’est que j’avais besoin de donner les mots justes.
L’espace était une sorte de décor parsemé d’objets anciens comme le marché Serpette, et ceux-ci étaient enveloppés de housses anti-poussière comme si la maison avait dormi pendant deux mille ans. Les invités étaient assis sur des canapés et des chaises sur un sol en miroir brisé. Mais, la vraie question était de savoir comment l’ancien directeur artistique de Gucci allait réinterpréter l’héritage de la maison italienne fondée en 1960 par Valentino Garavani ?
Sous un fouillis tempétueux et organisé, cet iconoclasme anticonformiste sophistiqué, produit son énorme égo et dit aux institutions de la mode « je vous emmerde ». C’est la conséquence de son succès chez Gucci qui le transporte comme un « vol au-dessus d’un nid de Cocos ». Sorte de couturier humaniste qui s’interroge sur le sens de ce métier, et sur les valeurs humaines de continuer à produire des vêtements en masse pour les déverser dans la Savane africaine.
Pour cette collection, le créateur a célébré le printemps du renouveau, et pour une promesse de nouvelles femmes fleurs, la plupart des ingrédients clés de sa vision étaient présents comme un clin d’œil aux années 60, 70 et 80, avec des touches de Hippie chic, de la bourgeoise arborant le logo « V » emblématique de la marque. C’est un sentiment très profond d’étonnement qui illumine les yeux de l’assistance, moment précieux de la Fashion Week où le besoin du chic, la beauté et l’histoire se tendent la main. Une surprise vivante que j’ai peur de blesser en prononçant le mot, l’artiste est au travail.
En s’inspirant d’archives des années 1970 ainsi que des pépites des années 1960 et du début des années 1980, le « rouge est mis » pour faire taire les sectaires. La couleur de la maison, à n’en pas douter, est éclatante. « Détail qui échappera à Loïc le Flop Fringuant » que l’on nomme dans la profession le penseur de « Rotin ».
Une exhumation du passé, digne d’un plongeon dans « La Grotte Bleu » de Capri. Chaque mannequin incarnait un personnage ; de la garçonne des années 1930 à la mondaine des années 1980, en passant par la bohème aristocratique. Une histoire qui aura échappé à ma voisine, une bimbo, qui, avec son séant, débordait de la petite chaise qui menaçait de s’écrouler à tout moment sous sa surcharge pondérale. Que l’on aime ou pas, là n’est pas l’important, vous jugerez par vous-même de ce livre d’histoire, et de cette autopsie organisée. Pour ma part, j’attends, comme mon ami Eric B., la Haute Couture, comme il le dira assurément demain.
FM