PARFUMS DE LUXE A PRIX LIDL
Parfums Knock-Off ou l’Art hautement subversif de sentir le luxe… à prix LIDL. Voici donc ces élixirs en flacons de cristallin, vendus au prix du caviar, censés nous transformer en divinités olfactives. Sauf qu’à 180 € les 50 ml, le seul effet garanti, c’est un trou dans le portefeuille plus profond que le fondement de Michou. Mais heureusement, dans cette ère où même sentir semble vouloir être facturé, une résistance s’organise. Bienvenue dans le monde des Knock-Off, ces rebelles de la molécule, ces pirates du pif, ces champions du « presque pareil ».
Vous croyez encore que les parfumeurs passent des années à accorder leurs jus comme des symphonies sensorielles ? Réveillez-vous. Il suffit d’un coup de bistouri chimique et de chromatographie, et voilà notre parfum-bis, légalement distinct, prêt à conquérir les narines naïves du grand public. Le tout pour 44,99 €, flacon compris, si vous acceptez qu’il ressemble à un croisement entre une bouteille de sirop et un déodorant de camionneur.
Mais, le vrai chef-d’œuvre, c’est la créativité des noms. Parce que chez les « fakes » parfumeurs, on ne copie pas, on rend hommage, avec finesse et mauvais goût assumé. Vous pensiez offrir « La Vie est Belle » ? Non, Madame, voici « La Vie Éclatante ». Et pour monsieur, le très viril « Bleu Absolu » cousin éloigné, quasi consanguin, du célèbre « Bleu de Chanel », contournement linguistique d’anthologie. Shakespeare aurait applaudi, à condition qu’il ait encore un odorat.
Et que dire de leur canal de distribution ? Exit les boutiques feutrées à moquette épaisse. Ces parfums se vendent dans le web 2.0, ce grand supermarché de l’illusion.
Et cela marche. Mieux, ça cartonne tellement que certains consommateurs en font un jeu : « Quel parfum je copie aujourd’hui ? » Le lundi : « Inspired by Baccarat Rouge 540 », le mercredi : « Libre Évidemment », le samedi : « Boisé Viril Intense pour Homme™ » une ode à la masculinité toxique et aux stéroïdes.
Mais ne vous méprenez pas : ce n’est pas du vol, non non. C’est de l’inspiration stratégique, avec amnésie d’une molécule. Après tout, les maisons de couture elles-mêmes n’inventent plus grand-chose, elles remixent, recyclent, et voilà donc le boomerang qui leur revient dans la tête. Alors pourquoi le commun des mortels n’aurait-il pas, lui aussi, le droit de sentir l’opulence sans hypothéquer son loyer ?
Et pendant que les grands nez pleurent sur leurs royalties envolées, la populace, comme dirait le seigneur, se vaporise fièrement en « Harmonie » maison, en lançant un clin d’œil complice à son reflet dans le miroir de salle de bain. Parce qu’au fond, ce n’est pas une question de parfum. Quant à complimenter une femme sur son parfum… Autrefois, c’était un art. Aujourd’hui, c’est un terrain miné. « J’aime votre parfum, chère Madame », et vous voilà suspecté d’agression olfactive. Une époque où même le compliment vous mène au procès, et où il vaut mieux renifler en silence que risquer la cellule.
FM
PS : visiter :
equivalanse.fr
parfumsnox