OEUFS DU MONDE ET SOUVENIRS D’ENFANCE

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Dans les bras du printemps, pointant son nez, voici le récit d’un matin de lumière où les cloches en secret glissent dans la clairière ; la terre s’éveille, parsemée de merveilles, aux doux reflets qui dorment sous la glycine. Les rires des enfants éclatent dans le vent, et une foison de petites mains pressées, cœur battant, yeux écarquillés, partent à la chasse au trésor dans le jardin de papy et mamy, où le chocolat luit, comme une promesse de l’instant, suspendue aux murmures de la pluie.

En France, les cloches s’envolent vers Rome un instant, puis elles reviennent pleines d’œufs Vuitton dans un ballet flottant. En Italie, les colombes en sucre s’élèvent dans les mains, et les familles se rassemblent autour du même pain. Mais, au-delà des frontières, des coutumes, des visages, c’est le même émerveillement, le même doux partage : un éclat dans les yeux, une main dans la mousse, un retour en arrière d’une mémoire douce.

Soudain, un parfum de cacao fait revivre l’éclat du paysage quand nous étions enfants et cueilleurs de bonheur. Aujourd’hui encore, quand revient la saison, un écho d’autrefois chuchote dans nos méninges, des souvenirs, tendres et colorés, que Pâques ressuscite, et jamais vraiment oubliés.

Pour moi la pension a écrasé mon enfance et supprimé toutes ces fêtes de familles que les autres narraient avec émerveillement. Pour une fois, je ne parle pas par empirisme, car une flèche de la douleur reste plantée dans mon cœur, mais tant qu’elle y reste, je suis poète, si on l’arrache, je meurs. Ce n’est pas la souffrance de l’enfant qui est révoltante en elle-même, mais le fait que cette souffrance ne soit pas justifiée.

Joyeuses Pâques à tous.

FM