LES THÉNARDIER DU POINT DE FESTON

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Un vêtement vaut bien une peste, et les maisons de couture ont cette mauvaise habitude, en période de haute collection, de prendre des stagiaires, et de les comprimer jusqu’à l’implosion. Pendant la saison, les étudiants des écoles sont, en effet, corps et âmes loués aux maisons, comme des esclaves modernes, pour des stages rémunérés par des engueulades pour faire passer leur propre stress.

Ces jeunes pousses plient sous un travail harassant pour sortir la collection « on time », dans la langue de Shakespeare, et cela durant des nuits interminables, seules à déchiffrer les poèmes de la lune. Ce sont les Thénardier de la mode. Ils ont eu l’autorisation, sous contrôle des services de l’État, de profiter, user et abuser d’une dérogation qui n’aurait jamais dû exister dans les mains de gens sans vergogne, et cela, à cause du grand Jacques, qui pensait, dans son infinie sagesse, que les autres les traiteraient avec bienveillance comme lui le faisait pour ses stagiaires.

Mais, ces aérés du cortex sont l’exemple même de ce qu’il ne faut pas faire dans une société, car vous formez des handicapés du travail, et qui, nous pouvons le voir maintenant, ne veulent plus travailler du tout, parce que ce n’est pas le travail difficile qui est monotone, c’est le travail superficiel.

Nous avons juste voulu les former, diront-ils, devant les tribunaux, confondant formation et esclavage moderne. Sans compter ceux qui, quelques jours avant les collections, courent de FedEx en FedEx pour récupérer leurs broderies faites maison, mais « Made in Maharani » Paris.

La mode ! brodée de sequins, mais surtout de coquins, me confiait le dirigeant d’une grande maison. Espérons que le président Pavlova, un vrai chou à la crème, plus British dorénavant que président, va y mettre bon ordre, lui qui nous relatait les trois « S » de la mode. Je lui donne les trois « S » de la réalité : Sadisme, Souffrance et Servilité ! Bienvenue dans le monde merveilleux de la mode.

FM