LE MANTEAU DE JEANNE LA BOITEUSE

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Jeanne de Bourgogne, surnommée « la Boiteuse », en raison d’un handicap physique qui la faisait boiter, était l’épouse du roi Philippe VI de Valois. Réputée pour son goût prononcé pour le luxe et les étoffes précieuses, elle fit confectionner, en 1340, alors que la guerre de Cent Ans battait son plein, un manteau d’apparat si somptueux qu’il fit scandale. Il était brodé d’or et de perles, orné de pierres précieuses rapportées d’Orient, et sa doublure en hermine provenait des lointaines contrées du nord. Ce manteau était si coûteux qu’il aurait suffi à armer plusieurs chevaliers pour la guerre contre l’Angleterre, ou à construire une cathédrale en or massif au beau milieu de Lutèce.

Lorsque Jeanne revêtit cet objet du désir lors d’un banquet royal, les murmures fusèrent. Ses ennemis l’accusèrent de détourner les richesses du royaume à des fins frivoles. Mais, Jeanne savait que la mode était une arme politique comme Brigitte, mais pas de la même époque. En affichant ce luxe inouï, elle affirmait la suprématie de la cour de France sur l’Angleterre et consolidait le prestige de la monarchie.

Toutefois, l’histoire prit une tournure plus sombre : quelques années plus tard, la reine fut frappée par la terrible peste noire. Les superstitieux y virent une punition divine pour son extravagance et certains nobles évoquèrent même la « malédiction du manteau ». L’objet finit par disparaître des archives, probablement démonté pour en récupérer les précieuses pierres…

Cette histoire illustre comment, au XIVe siècle, le luxe n’était pas qu’un caprice : il était aussi un outil de pouvoir, un sujet de scandale, et parfois même un présage de malheur. L’histoire va-t-elle se répéter ?

FM