POURQUOI LA FRANCE ET LE PARFUM ?

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En 1533, c’est à l’arrivée de la grande Catherine de Médicis et de son grand maître parfumeur italien à la cour que le parfum devint prisé de l’aristocratie française. Rapidement, la célébrité de Renato Bianco lui permit d’ouvrir sa boutique de parfums (et de poisons aussi !)

Si on vous dit « La Vie est Belle », ça vous dit quelque chose ? Forcément : c’est le parfum le plus vendu au monde au grand dam du Seigneur des Arnault. En 2017, il s’en écoulait un flacon toutes les cinq secondes ! Et si vous pensez que le sourire de « Pretty Woman » est la seule raison de son succès, c’est que vous avez oublié l’autre actrice principale de ce parfum… la Dame de fer, « la tour Eiffel ».

Alors, pourquoi la France a-t-elle fini par devenir la référence mondiale d’un produit de beauté qu’elle n’a jamais inventé ? Faisons un petit saut en arrière sur l’histoire du parfum « made in France », ou comment, grâce au savoir-faire unique de notre pays, il est devenu une véritable institution et le symbole de l’élégance à la française.

Soyons honnête : si on vous dit Moyen Âge, on parie que vous ne pensez pas tout de suite aux effluves les plus raffinées, mais à vos patrons respectifs. Car, à cette époque, si on se lave de moins en moins, on compense en imprégnant ses vêtements et ses appartements d’effluves parfumées. Le parfum devient aussi un produit utilisé pour ses vertus médicinales, un peu comme aujourd’hui, où les huiles essentielles sont à l’honneur. On fait brûler des matières aux noms mystérieux : storax, benjoin, bois de Rhodes, cyperus… Cet usage se renforce à la fin du Moyen Âge, à l’heure où la peste et les maladies terrifient les populations, et où l’eau est soupçonnée d’ouvrir les pores aux maladies. Il n’est donc plus question de se laver, mais de sentir bon, pour garantir que l’on n’est pas malade. Les médecins conseillent donc de se parfumer plutôt que de se nettoyer à l’eau, si bien qu’à la Renaissance l’odeur finit par être considérée comme « l’âme du médicament ». En somme, un « Sephora » contemporain aurait fait une excellente pharmacie à l’époque.

Mais, pourquoi la ville de Grasse dans le sud de la France ? Cette ville devient effectivement célèbre pour ses parfums, avec une histoire plutôt surprenante. À l’origine, la ville est connue pour ses tanneries. Nonobstant, le travail du cuir dégage une odeur nauséabonde d’urine. D’ailleurs, à Rome, l’urine était même collectée dans les toilettes publiques, pour le service des artisans tanneurs. Incommodant les nobles locaux, c’est ainsi qu’on développe au XVIIIe siècle l’utilisation de plantes odorantes pour couvrir ces émanations, et que se développe le métier de parfumeur. « Grasse » devient alors célèbre pour la culture de plantes à parfum et l’élaboration d’essences odorantes.

Parmi les stars du parfum de l’époque, on trouve Jean-Marie Farina, fournisseur officiel et créateur de la première Eau de Cologne de Napoléon Bonaparte, Pierre-François Pascal Guerlain, le fondateur de la maison Guerlain, mais aussi bien d’autres comme Bourgeois et Molinard, qui sont toujours des marques de parfums aujourd’hui… La liste est longue !

Mais, comme habituellement en France, la littérature va venir à la rescousse, et Proust et sa célèbre « madeleine » ancrent la force mystérieuse et émotive du parfum dans notre imaginaire collectif. Baudelaire le célèbre aussi dans « les Fleurs du Mal » … Bref, la France devient, par erreur, et pas par son odeur nauséabonde, un des pays les plus prolifiques au monde de la parfumerie. Un comble !

FM