KENZO ROYAL LE NIGO
Le musicien colombien Maluma, de son vrai nom Juan Luis Londoño Arias, né à Medellín, « la came isole de force » et la star de la K-pop, Vernon of Seventeen, ont attiré des dizaines de fans hurlants au Jardin du Palais-Royal, bloquant la circulation et provoquant le chaos, devant des automobilistes qui insultent les bimbos, qui leur répondent : « c’est la mode, c’est nous, c’est hors la loi » ; cool comme réponse devant le Conseil constitutionnel. La sécurité, ceux que l’on appelait autrefois les « cravates rouges », a tenté de rassembler les gens derrière des barrières, mais cela a été fondamentalement impossible.
Le show, avec son heure de retard à ma TAG Heuer, signe que ces gens-là sont supra mal élevés, et nous attendons ces humains de contrefaçon avec leur compte Instagram débordant de followers, qui coulent sur les autres comme un sirop qui aurait connu le Titanic. Juliette Binoche, fan de mode, était présente, même si c’était sa première participation à un défilé de la marque. Mais, après avoir incarné Coco, dans la série d’Apple TV, elle devient légitime ! Beaucoup de rappeurs et d’afro-européens sont de sortie, les amies de Pharrell Williams certainement, comme si c’était leur dernière sortie avant l’élection du Front National.
Le Palais-Royal ne se résume pas uniquement aux bâtiments édifiés depuis le XVIIᵉ siècle par Richelieu en 1628. C’est également un jardin merveilleux, authentique havre de paix au sein de la capitale. Et flâner le long de ses allées, au gré de son histoire, c’est comme si les gens de la mode souhaitaient nous dire, « nous sommes cultivés, nous aussi ». J’adore ce jardin où le soir se prépare à accueillir la nuit et vient nous séparer des bruits stridents de la ville, faisant glisser sur les toits lisses d’ardoise le ciel en diminution. Les fontaines crachent à foison le H2O des rappeuses qui sont derrière moi, et nous enfument d’une odeur de plante très aromatique.
Les mannequins tournent lentement autour de la fontaine au centre du jardin, pour une collection japonisante emblématique chez Nigo. Le nom m’amuse toujours autant ! » Mélanges de blousons universitaires brodés pour les hommes et des looks aux couleurs pastel à lécher pour le mignon qui se colle à côté de moi comme un caramel mou. Ovationné par son ami Pharrell Williams, si Kenzo Takada avait encore été vivant, il aurait dit de sa timidité légendaire : « c’est bien pour un novice, cela se vendra bien ». « Le seigneur des Arnault sera content. » Tout est dit.
FM