LUXE LA COULEUR DE L’ARGENT
Comment l’industrie du luxe et de la mode Française, quasi-inexistante dans le monde il y a quarante ans, est devenue une puissance à l’échelon mondial ? C’est comme plonger dans le glamour merveilleux des riches, qui inondent par ces dirigeants, ces super-héros du luxe et de la bienséance, fils et filles de famille qui pensent « qu’au renoncement était le proverbe » plutôt que qu’au « commencement était le verbe » et qui vendent l’eau de Lourdes avant de l’avoir embouteillée.
Derrière le strass, qui accompagne les défilés de la semaine de la Mode à Paris d’aujourd’hui, je me souviens, il y a quarante ans, quand le Grand Jacques disait à la presse qu’il était arrivé dans un cénacle endormi. Croissance effrénée depuis la mutation et les changements du monde sous l’impulsion d’un homme de bien.
La prédominance du luxe français ne date pas d’aujourd’hui, et c’est grâce d’abord à Louis XIV, roi charismatique, doté d’un sens aigu du style et de l’histoire, qui se mit en tête de faire entrer la France dans la légende. Au début de son règne, la France n’était pas spécialement associée à l’élégance ou au luxe. À la fin de son règne, l’ensemble du monde occidental reconnaissait les Français comme les arbitres incontestables en matière de style et de goût. Le pays s’était trouvé une mission économique : régner en maître sur les produits de luxe, appelés à l’époque des produits d’exception.
Séparément les innovations, dans chaque domaine du luxe, peuvent sembler modestes, mais prises dans leur ensemble, elles constituent une nouvelle entité d’une puissance étonnante, et Jacques Mouclier, qui était aussi président des métiers d’art, l’avait compris. Il a donc une idée faire du luxe un symbole mondial, et donner la vision d’une nation comme le lieu privilégié où se rendre pour comprendre, acquérir et profiter de toutes les bonnes choses de la vie. Les modes culturels et stylistiques émanent dès lors d’une seule source Paris. La France deviendra ainsi la patrie du raffinement, de la mode et du bon goût. D’ailleurs, Jack Lang, nouveau Ministre de la Culture, arrivant avec une chemise à col Mao de Thierry Mugler, fera le buzz mais surtout comprendra que la mode était d’abord Française.
Voilà donc l’adage, selon lequel une image vaut tous les mots du monde, est certainement vrai. Aucun journaliste ne sera jamais capable de décrire une tenue avec autant de précision que la plus simple photo. Alors, le Grand Jacques décide de faire des défilés de haute couture dans la Cour Carré du Louvre. Les journalistes et courtisans du monde entier viennent à Paris pour leur magazine soit 5000 journalistes qui vont reporter sur ce qui n’est pas encore la Fashion Week de Paris, mais le deviendra peu à peu.
Un acteur viendra aider à la mise sur orbite du luxe à la française, le seigneur des Arnault, jeune polytechnicien, qui, comme un joueur, va investir la fortune de son grand-père pour acheter Dior et Le Bon Marché dans un groupe en déliquescence. Un coup de maître, certes, qui sera suivi de Vuitton et bien d’autres, avec cette vision du luxe pour les trente années à venir. Nous avions enfin retrouvé notre Louis XIV.
Il y a aussi une invitation vis-à-vis des couturiers étrangers dont les Japonais par le président de la Chambre Syndicale, Kenzo, Issey et les autres qui vont apporter la modernité qui manquait dans ce cénacle endormi. Mais, la mode et le luxe évoluent comme un chapeau de gendarme, et chutera par trop d’excès. Ils reviendront sur le devant de la scène quand celle-ci sera expurgée de tous les parasites qui gravitent autour, et qui ont un avis sur tout mais surtout un avis.
FM