LES CAMELOTS DU PONT NEUF

Non classé

Au début du XIIe siècle, le verbe « racoler » signifiait donner l’accolade. Ce sens fut oublié et ce n’est que vers 1750 que le terme est réapparu sur le Pont-Neuf avec une nouvelle signification ; celle d’enrôlement par contrainte ou par fourberie pour inciter les gens à aller peupler les colonies.

D’ailleurs, sur le Pont-Neuf, côté Rive Gauche, un petit château abritait une pompe à eau surmontée d’un carillon animé par la force hydraulique. Dès 1610, une cloche en bronze frappait les heures, on l’appelait la Samaritaine parce que l’ensemble était surmonté de figures en bronze doré, représentant le Christ demandant à boire à une Samaritaine. Mais, le système compliqué finit par user et le Carillon se tue en 1710, après la victoire française de Denain contre les forces Anglo-Batave. C’est Louis XIV qui voulut faire de nouveau chanter la Samaritaine, mais hélas, le carillon, trop délabré, resta muet.

Alors on reconstruisit un mécanisme plus simple qui tinta à nouveau toutes les heures, au moins jusqu’en 1813, date à laquelle les petites cloches du carillon, bien éraillées, furent remisées dans les combles de l’église Saint-Eustache en 1872. Il ne restait plus rien de tout cela, seulement le nom du grand magasin de la Samaritaine qui avait été ouvert par Ernest Cognacq, un ancien camelot du Pont-Neuf.

Croyez-vous que Pharrell en s’attribuant ce pont, connaissait cette histoire ? Certainement pas ! La morale de cette histoire est que rien ne dure et tout passe un jour. La splendeur d’autrefois d’une fontaine, qui donnait la vie aux parisiens, s’est transformée en camelot vendeur d’immobilier en col blanc, qui défile avec ses petits princes aristocrates de bas étage, pour nous transformer en mouton, avant de le dessiner.

FM

Laisser un commentaire