LA MODE DU BOMBAY EXPRESS
Un voyage pour Mumbai tous frais payés par la nouvelle marquise du Châtelet de Granville. Il y a parfois des jours où l’on accepte des voyages et avant même d’avoir fait celui-ci de le regretter ; pourtant tout est mis en place pour un « vol de nuit » à la « saint texte » « enfin le texte surtout pour moi », et dans un confort que l’aviateur, qui volait entre Paris et Rio, n’aura jamais connu.
Décollage immédiat vers l’Inde millénaire, le pays des maharanees et des tigres, pour un feu de Bengale qui ne brûle pas. Mais, l’histoire est toujours pavée d’embûches car l’orage au-dessus de Zagreb fut tellement puissant que l’avion privé fit demi-tour, retour Toussu-Le-Noble, « un nom prédestiné » pour des convives sélectionnés sur la volvaire.
A notre retour, déjà plusieurs limousines étaient là pour nous transporter « fissa » à Roissy terminal 4B et prendre « en first » l’avion régulier « . A mon arrivée à l’aéroport, j’ai eu cette phrase historique : l’avion privé est un moyen rapide pour les gens qui ne sont pas pressés.
Mais, qu’aurait été un vrai voyage dans le luxe d’antan ? Nous serions arrivés à la gare du nord pour prendre l’Orient-Express en direction de Bombay ou Mumbaï via Istanbul. Le train nous attendrait déjà, lançant de sa grande respiration brumeuse des volutes de brume. Luxe, calme et volupté pour des intrigues d’Agatha Christie. Influenceurs et influenceuses s’y presseraient pour avoir la meilleure cabine qui sont toutes les mêmes. Chacun des wagons du train est comme les perles d’un collier de Mikimoto. Les tourbillons de vapeur ainsi que l’exaltation de la machine contraste avec les bimbos qui transforment leur corps de femmes exagérément botoxées, qui se trémoussent, envoient des commentaires par un emoji sur messager. Ce voyage devrait être, je l’avoue, l’Orient de ma vie.
Cinq jours de train avec les influenceurs et « entubeurs » les plus connus de la planète. Cela va être une grande réunion d’intellectuels de neurones au chômage technique, pour « le crime du quotient express » de la langue française, et comme la devise du parvenu : avoir sans savoir.
A notre arrivée à Mumbaï, la ville m’apparaît dans toute sa crudité, et me donne une sensation de dégoût à la vue de l’abject pauvreté et de la dévastation des infrastructures des banlieues et de la fuite en avant d’une société toute entière. Cette sensation, c’était celle de la soudaine prise de conscience qu’il y a en Inde plus visiblement qu’ailleurs, la co-existence d’un côté d’une société uniquement préoccupée de fabriquer sa propre mise en scène, et de l’autre l’humanité des pauvres toute entière. De ces deux réalités, il n’y a jamais de chevauchement, entre la collection d’un couturier Français et la pauvreté qui règne dans les rues.
Modernité bousculée sur elle-même d’une société traditionnelle rurale et tribale s’exprimant par une pulsation d’humanité que les groupes de luxe ne connaissent pas. Erreur marketing ou simplement inhumanité dans les faits, ou incompréhension des intouchables dont ils pensent faire partie; qui sait…
FM