DANS LES YEUX DE LA PASSION
Voici la contradiction la plus flagrante de ce nouveau monde de la mode, nouveau statut et pilier de la culture populaire, un spectacle que tout le monde peut suivre ou même pratiquer en faisant des commentaires pour la plupart sans connaissance aucune. Une grande partie de l’audience sur Instagram est dominée par la « dit sexe ont » des collections de couture de modeux en pantoufles ayant souvent des neurones au chômage technique.
Toutefois, ils croient avoir une véritable dévotion, pour la mode, non pas par passion, mais par envie de briller du quart d’heure de célébrité d’Andy Warhol. Certains pensent d’ailleurs qu’ils sont indispensables, comme la bimbo qui travaille pour 1 200 euros brut chez LVMH, et qui, avec une carte de visite avec le logo « Vuitton », se prend pour le haut du panier de la Fashion Week. Une d’elles m’a dit un jour : « la mode, c’est moi ! ». Elle était vendeuse chez Sephora.
La mode actuelle est donc à la fois démocratique par sa portée audiovisuelle de media sociaux, et snob par son goût. Tout le monde, en d’autres termes, peut être snob ! « Snob » mot qui provient du Latin « Sine Nobile » qui veut dire « qui est sans Noblesse » ! Il y a donc deux langages qui s’affrontent, le premier est dominé par des références aux couturiers précédents, presque à la manière d’une chanson à succès qui reprend un refrain des années 1980, sorte de « Born to be Online » de la couture à l’infini. Il s’agit seulement de repérer les références et de les décrire. Cela crée un sentiment de snobisme parmi ce que l’on pourrait appeler les spectateurs numériques de la couture sachant, qu’eux sont peau de chagrin.
La deuxième caste ne commente que les grands couturiers : Dior, Chanel, etc… Ces grands noms de la Couture ont emprunté un chemin beaucoup plus tranquille. Au cours de ces trois dernières années, Virginie Viard, chez Chanel, et Maria Grazia Chiuri, chez Dior, ont présenté des collections de plus en plus mornes et basées sur les métiers d’art, mais très peu créatives. La logique de réflexion de leur démarche est de résister à l’algorithme et au métavers. Leurs collections ne sont pas diffusées à grand renfort de médias sociaux, car ce qui est rare est ce qui se vend le plus. Mais, surtout de fabriquer des techniques comme le point de feston que les débiles sur Instagram ne connaissent pas. C’est alors qu’arrive un Grand Chambellan, l’homme de Tolède, qui a un avis sur tout, mais surtout un avis ; celui du seigneur des Arnault.
Les rappeurs sont pris dans la boucle infernale de cette tendance car l’audience qu’ils génèrent intéressent les marques. Vraiment Croquignolet ! Car le milieu du Rap est homophobe et ne veut même pas s’approcher des Invertis. Mais, que peut bien dissimuler cette peur ? Finalement, la question n’est pas de savoir à qui vous êtes fidèle, à Demna ou à un Sliman, mais quel genre de vie vous voulez mener ? Un poète, un photographe de l’invisible, ou un journaliste rêveur cherchant une terre qui ne figure sur aucune carte. Quant à moi, je me situe ici, à la retraite, et j’emmerde la mode. C’est bien la meilleure des places.
FM