CHANEL TOUT EN CARTON

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Le bestiaire, que l’artiste Xavier Veilhan créé pour le défilé Chanel, était suffisamment fantaisiste pour éviter toute accusation de cruauté envers les animaux, et le tout en carton devait définitivement faire taire les commentaires. Chapeaux hauts de forme, nœuds papillons et bottes blanches à lacets pour une madame Loyale, façon majorette de pacotille, tirée de la parade et du spectacle « Chapeau Melon et Nœuds de Cuir ».

Les vestes en tweed, style coco, étaient associées à des jupes plissées, des shorts larges ou des minijupes à volants en tulle mousseux, tandis que les manteaux évasés accentuaient la taille de modèles anorexiques. Pour une business woman, disait le président le plus British de la maison, avec « madame Loyale » la Karine, les animaux sont une source d’inspiration pour les plus grands artistes de ce monde, à l’instar de Frida Kahlo ou Picasso.

Les sculptures géantes stylisées de créatures telles qu’un buffle bien connu dans les campagnes françaises pour un bluffe et un effet bœuf. Ainsi mettre les animaux à toutes les sauces pour masquer une collection précieuse et technique grâce aux ateliers Lesage, mais pauvre par sa création pour une béarnaise bien fade. Je n’ai pu percer ces portes d’ivoire où parfois le monde nous sépare de ces invincibles créateurs. Ici les premiers instants de la collection sont l’image d’un engourdissement nébuleux qui ne saisit pas l’instant précis où l’œuvre d’un couturier prend sur votre existence et sur nos cahiers de mode.

La Divine Comédie de Dante était lancée dans la halle aux bestiaux, et sur la scène, les modèles de broderies comme des études de l’âme humaine transformés en couture. Le Grand Palais, fictif sous la Tour Eiffel, semblait être le Tombeau de Karl, le Sphinx ne rayonne plus de sa splendeur et sera définitivement ici enterré pour l’éternité.

Mais, finalement l’histoire m’aura donné raison sur la chronique d’une mort annoncée. Je m’entends encore hurler à mon père : « Tu verras un jour nous irons tous en vacances au-delà du rideau de fer. Ma sœur s’était alors esclaffée le rideau de fer ! Papa a commandé des stores pour la maison de campagne ! Que c’est dur de vivre avec une famille de crétins !

Les moeurs changent, les jeunes changent aussi, pour, au final, que rien ne change vraiment. Après le génie, la platitude de la souveraine légèreté de l’être, la robe de marié toute en douceur comme si les hirondelles s’étaient posées sur celle-ci. C’est le soir, au printemps, quand le jour affaibli jette l’ombre en mon cœur d’un souvenir fugace de ces hirondelles qui ont déjà disparu de la sous pente depuis longtemps comme le sublime chez Chanel.

FM

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