A LA FONTAINE DE SEXUS

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J’étais en direction de Venise, et le train de 17h06, qui arrive, vomit son lot de navetteurs pressés de gagner la sortie à l’air libre de Venise-Santa-Lucia. Les néons roses et bleus éclairent un festival de chair et de blondasses, bouche en cœur, cuissardes plastifiées et jacket fluo. Ici, les dames s’exhibent et ondulent avec conviction et sans inhibition devant des passants indécis qui font du shopping. Certains réagissent dans leur pantalon, d’autres échanges de petits paquets, et des gamins se faufilent en riant, une altercation, des cris, un concert de klaxons, et la file interminable pour les vaporettos avance au pas d’homme entre le quai dénivelé.

Nous étions les amants terribles pour un voyage à la George Sand et Musset. A Venise, moi je fréquentais les lupanars, et elle, comme George Sand, me trompait avec mon médecin vénitien. Ainsi, la tempête n’était pas loin d’éclater, elle me lança : « rentre seul à Paris », et au propos, je m’envahis d’un sentiment mêlé d’amour et de haine. Je venais juste de fermer la dernière page de « on ne badine pas avec l’amour ». J’ai alors pensé : « j’ai souffert souvent, je me suis trompé quelquefois, mais j’ai aimé toujours ». C’était le fumé de ces grands orages d’été où l’amour finalement est comme une cigarette : accoutumance, sommeil, et regret.

Je finis par retourner en voiture à Paname, et en remontant de Venise, j’ai viré le long du Rhin, pour voir la cuvée des vins de notre cousin. En arrivant dans le soleil, une blonde, ce jour d’automne, sauta dans une cuve pour faire couler le jus. Celui-ci coulait clair sous ses coups de reins.

C’était une grosse garce, une couche-toi à la renverse qui s’amusait à mettre son petit « con » à la hauteur des circonstances pour mon attention, voulant que je la remplisse comme une outre, qu’aurait certainement entonnée Dionysos. Sous l’impulsion ses cousines, comme des nymphes enragées, lançaient des évoés et vinrent la rejoindre pour une partie « In Vino Veritas » que la décence m’empêche ici de décrire plus profondément. Mais, par le doux chant des orgies, par l’éclat des trognes rougies, nous avons bu plus que de raison à la fontaine d’Ariane et du dieu Priape réunis. Un jour que je n’oublierai jamais.

FM

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