VOYAGE DANS LA RHÉNANIE-PALATINAT

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Quand je vais voir mes enfants en Allemagne, je visite souvent les caves et la route des vins, et l’idée de toutes ces cuves argentées, où grouillent en l’état une masse sur laquelle moutonne une écume dans son ébullition, me fascine. On songe immédiatement à ces phénomènes de fermentation, à la poussée qui hante à la fois la totalité de la vendange et chaque grain de raisin qui, dans son unité, à la forme d’une micro éruption au sein d’un violent concentré de frénésie qui se retient pour un secret ineffable et exaltant de son ouverture prochaine.

Le vin d’Alsace, liquide fluctuant, est mystérieusement voué à une mobilité de surface qui provient de cette obscure profondeur qui me ramène toujours au paysage oublié de mes grands parents mort au champs d’honneur. Il est acte tendu de toutes les existences pour les accorder au nez, à la bouche mais aussi à l’oreille du cœur. Quand on le boit, tandis que la langue se tient immobile pour l’accueillir, le nez et l’œil surveille la couleur et à mesure que le flot des notes convoitées envahi mon palais, il absorbe ma tristesse et donne sa vigueur jusqu’au plus profond de mon âme.

C’est sans doute tout cela le vin d’Alsace ; une énigme vers quoi nul véritable appétit ne se portait vraiment, mais qui soulève l’étonnement, et bien vite fait apparaitre la joie de ces petits moments de bonheur simple qui fond la vie. Né des profondeurs argileuses de la terre tout autant que du génie des hommes, l’arôme stylisé que le vin porte dans son sein, capte les éclats du beau. Dommage que parfois la mode ne s’en inspire pas.

FM

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