LE MONT ORGUEILLEUX LE SAVIEZ-VOUS ?

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Dès le 12e siècle déjà, « Hélas, Hélas, Hélas », la population du centre de Paris prie l’habitude de jeter leurs ordures hors de la ville de l’autre côté de l’enceinte dressée par Philippe Auguste. A tel point que peu à peu une petite butte s’éleva, et les Parisiens, qui ont le sens de la dérision, nommèrent ce monticule crasseux, le Mont Orgueilleux. La rue, qui en descendait, devient ainsi la rue Montorgueil…

On perçoit encore bien cette élévation au-delà de l’enceinte qui passait à hauteur de la rue Etienne Marcel. Une porte y fut percée au 13e siècle pour permettre à la marée d’être acheminée. C’est ainsi que, grâce à la mer, cette voie trouva sa vocation, un parc à huîtres et des coquillages partout voués à la consommation des mollusques des Bobos de l’époque.

Dans les années 1840, plus d’un million d’habitants Parisiens gobaient chaque année six millions de douzaines d’huîtres. Des coquilles alors commencent à envahir la rue et ses alentours jusqu’aux Halles. Avec la tenace odeur d’iode, qui s’en dégageait, on avait l’impression que la mer était montée jusque là, puis s’était retirée, dans une improbable marée.

Et pourtant, aucun traiteur de la rue Montorgueil ne mettait les huîtres à sa carte. Par contre, au 59 de la rue s’ouvrit en 1804 le Rocher de Cancale, le restaurant de fruits de mer où il fallait être vu. D’ailleurs, Alexandre Dumas, Théophile Gautier, Stendhal firent les beaux jours de l’établissement et Balzac croqua quelques personnages de sa Comédie Humaine assurant l’immortalité de l’endroit.

Le Rocher passa de mode et dû fermer ses portes en 1846. Un autre Rocher de Cancale ouvrit peu après au numéro 78 de la rue et n’a plus bougé depuis offrant aux dîneurs un peu de nostalgie avec sa façade en moules accrochées aux parois de l’établissement.

Aujourd’hui, les seuls écrivains, qu’on y rencontre, sont les Bimbos de la Fashion Week, et leur fameux filet, le plus petit au monde : « le string ». Car, en effet, il peut contenir à la fois une moule, une raie, un barbu, et il y a souvent un maquereau qui tourne autour, et parfois quelques Tamouls, mais cela c’est une autre histoire.

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