OSCAR DE LA MODE
Il fut un temps où toutes les marques de la mode Française se réunissaient pour un évènement supra sélectif ; « Les Oscars de la Mode » organisé à l’Opéra de Paris. Cet évènement faisait partie de ces grandes soirées où les femmes étaient en robes longues et les hommes en smoking venant de toute la capitale pour voir cette comédie humaine, le bûché des vanités et des égos à tous les étages et où personne ne partait déçu car tout le monde avait été récompensé, probablement l’équilibre du grand Jacques.
Il fut un temps où le bonheur flottait dans nos bureaux. Au bout de la table de réunion, les robes de crinoline glissaient comme les chutes du lac Victoria. Joie de vivre des machines et aiguilles en sourdine où fourmillaient sous les doigts frémissant les robes pour hier, ainsi que les rires et aussi toutes nos peines qui s’envolaient avec douceur, après le défilé.
Mais, quand le ciel s’assombrit, on cherche toujours la lumière. Ce temps est parti avec mon père, un temps où le bonheur fuyait quand les yeux mouillés de chagrin on finit par découvrir que les suivants, élus par un concours de circonstances, parlaient de vêtements alors que nous voulions parler de poésie.
Métier si simple et si compliqué à la fois, plus fragile qu’un morceau de cristal, le monde était comme cette voisine trop timide mais trop amoureuse pour rapprocher le vide qui se creusait malgré elle, et finissait pas faire crier à tue-tête son cœur enrubanné. Un temps où l’on apprenait à savoir que l’hiver passait par l’automne et que l’été partirait sans penser que mon père partirait, aussi un jour, en emportant avec lui l’extraordinaire puissance de cette partie divine de nous-mêmes, toujours insoumise, et qui faisait de lui l’expression du monde.
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