UN VRAI MARIOLE
Il y a des mots qui s’accrochent à la rampe, ils refusent de disparaître, et ont changé de sens au 19e siècle. Mariole était donc l’impertinent sobriquet de Marie, mais il a vite évolué, et au siècle suivant, la mariole était une petite image de la vierge. Au XVIe siècle nouvelle mutation, le mot se confondit avec l’italien Mariolo, pour faire de ce mot un escroc peu recommandable.
Tout allait être bouleversé avec Dominique Gaye Mariole, vaillant Grognard de la grande armée et colosse de deux mètres qui s’était distingué sur tous les champs de bataille de l’empire. Mais, c’est le 7 juillet 1807 qu’il entra dans la petite histoire des mots baladeurs. Ce jour-là, à Tilsit en Russie, Napoléon, et le tsar Alexandre 1er s’était mis d’accord sur un traité d’alliance. Honneur aux signataires, le tsar défila devant les soldats Français qui lui présentèrent les armes et peu après Napoléon lui-même vint inopinément passer ses troupes en revue.
Mais, la visite était si soudaine que Mariole n’eut pas le temps d’aller chercher son fusil afin de saluer de façon réglementaire l’empereur Napoléon. Ce grand baraqué n’hésita pas à se saisir de ce qu’il avait sous la main, une pièce d’artillerie de plusieurs centaines de kilos et c’est ainsi qu’il rendit hommage à l’empereur. J’ai présenté les armes « disait-il » à l’empereur de Russie avec un fusil, mais à mon empereur c’est avec un canon que je les ai présentés. Depuis, faire le mariole signifie faire le malin pour attirer l’attention sur soi.
Anonymode