KANAE TANIWAKI NOUS QUITTE
Kanae Taniwaki entre au Panthéon de la Haute Couture. Cet homme, si discret, était arrivé sous l’impulsion de Jacques Mouclier avec Kenzo, Issey Miyake, Yohji Yamamoto. Il a été l’éminence grise de Loris Azzaro et était aussi le meilleur Premier d’Atelier chez Franck Sorbier. Voici le dernier des Samouraï de la Haute Couture qui disparaît. Il connaissait tous les points et les techniques, et il était passé maître dans l’art de transformer un tissu en droit fil pour un vêtement façon plein biais. Comme un livre ouvert sur le passé et sur le futur, en même temps, il transpirait l’humanité toute entière. Professeur à Esmod International de Haute Couture, les élèves qu’il a eu, dont ma fille, en parlent avec tendresse et émotion.
Quand l’être cher vient d’expirer, on sent obscurément la perte, mais la mort présente déconcerte et la stupeur clôt l’âme et la bouche. Incrédule à ce deuil, on regarde au fond de la tombe, sans rien comprendre, ce cercueil qui va s’évanouir sous la surface d’un monde qui était pour lui si poétique. C’est aux premiers regards portés dans sa famille que la mode autour de son dernier podium fera ses adieux. Les hommes aux vieux regards, plein d’humanité, et qui ont reçu l’ordre du ciel de monter percer les nuages, reçoivent ce message sans étonnement ni crainte, car il vient souvent apaiser leurs souffrances. Mourir le jour de la Fête de Showa, qui célèbre l’anniversaire de l’Empereur Hirohito, tout un signe pour notre Empereur de la Mode Japonaise. Le mot showa signifie « paix brillante » ; tout un symbole ! Nous vous souhaitons, Monsieur, un superbe voyage dans les étoiles.
Anonymode