QUI SONT LES VRAIS INFLUENCEURS ?
Pourquoi pas les nouveaux seigneurs du capital, car la mode et le luxe qui, autrefois étaient l’expression du style, de l’audace et du génie créatif, se voient affubler d’un cénacle style Palais Brongniart de banquiers. Aujourd’hui, ceux-ci sont l’expression des chiffres d’affaires, des stratégies marketing et des actionnaires affamés.
Qui sont donc les vrais influenceurs aujourd’hui ? Oubliez les créateurs fantasques et les mannequins en vogue, ainsi que les journalistes, qui éreintaient les collections, ils ont tous disparu, ce sont désormais les comités exécutifs des grands groupes qui décident de ce qui est beau, désirable et, surtout, rentable.
Les nouveaux rois des tendances, les PD-G faiseurs de lois se nomment Mouettes & Psy, Cocos câlins et riches Mont suisse. Le cuir végan est à la mode ! Très bien, cela réduit les coûts de production tout en séduisant la clientèle en quête d’un capitalisme plus « éthique ». Le retour du monogramme flashy ! Une brillante façon d’écouler les stocks d’invendus sous couvert de « nostalgie ».
En vérité, les bimbos sont les nouveaux gourous du bon goût, des soldats de l’industrie du luxe qui brandissent leurs sacs offerts comme des étendards du consumérisme, mais aussi des employés très dociles et sous perfusion vitale de crypto. Peu importe qu’ils crient à la « passion » et à la « créativité », leur rôle se résume à appuyer sur « Publier » la photo dès que la firme le leur demande. Le style ! Peu importe tant que les dollars tombent.
L’innovation n’est plus qu’une illusion parfaitement maîtrisée, comme d’ailleurs le mercato des créateurs, et chaque six mois, les grandes maisons nous vendent « l’innovation ou le changement » comme un miracle tombé du ciel. Mais, derrière chaque révolution se cache une simple équation économique. Une collection ultra-limitée n’est finalement que juste une stratégie de rareté artificielle pour faire grimper les prix.
Nous pourrions croire que nous décidons de ce que nous achetons, mais ne soyons pas naïfs ! Nos goûts sont façonnés par des campagnes marketing si subtiles qu’elles en deviennent invisibles. Chaque célébrité habillée en total look par une marque est un panneau publicitaire ambulant. Chaque « scandale » autour d’une collection controversée, une opération de communication savamment orchestrée. Et nous, dociles, nous nous extasions devant ces créations « révolutionnaires ». « It is amazing » le seul mot anglais que les agences de peste connaissent, sans réaliser qu’elles sont simplement manipulées pour ouvrir le porte-monnaie des clients poussés jusqu’à l’addiction.
Alors, ceux qui dictent la mode et le luxe aujourd’hui ne sont pas les artistes, mais bien les stratèges financiers. Et tant que nous continuerons à acheter ce qu’ils veulent bien nous vendre, les véritables créateurs resteront enfermés dans leur tour d’ivoire, contemplant le ballet des actionnaires qui, eux, sont toujours impeccablement habillés, de préférence, en costume trois-pièces ou en tailleur aux deux « C » de coco, hors de prix, bien sûr ! Bienvenue dans le monde merveilleux de la mode et du luxe.
FM