CHLOÉ THE GREAT WHITE WAY
Le comble pour un journaliste, c’est « d’être à l’article de la mort » mais je me fais violence pour aller quand même au défilé Chloé, qui, portée par sa nouvelle directrice artistique, Gabriela Hearst. Après nous avoir fait découvrir la Brasserie Lipp, la nuit, la saison dernière, nous voici sur les bords de Seine, au Port de la Tournelle, au pied du Cheval Blanc du Seigneur des Arnault. Avançant sur le quai du pont de la Cité, qui s’abandonne à Notre-Dame, les nuages chassés par la brise et les nuisibles « des rats tisés » par la ville, pour la circonstance, nous attendions tranquille comme « baliste » prêt à tirer. Je vois virevolter une petite hirondelle de retour en ville, puis le bruit s’apaise autour de nous. Sur la Seine, à peine une vague, et le show commence pour que Gabriela qui n’est pas Mistral, pas plus Neruda, les cultivés comprendront.
Silhouettes longues et amples, robes en soie brute de couleur crème, frangées comme les indiennes « komants » ou Comanches, qui signifient « ceux qui combattent toujours ». Ainsi le diable est dans les détails, comme ces boutons en céramique émaillée peints à la main ou ces lacets-franges, récupérés de sneakers, décorés de pierres et de pièces métalliques, une façon de nous dire qu’ici on recycle et on fait gaffe à la planète. On reconnaît toujours le degré de civilisation d’un peuple à la manière dont il ne pollue pas son environnement
Des patchworks, pour réminiscence des sacs de Jean Marlaix, créateur de La Bagagerie ainsi que des tuniques et ponchos de son pays natal, l’Uruguay. Des robes en macramé multicolores très exotiques et pas vraiment érotiques, très fraîches, très sobres, mais aussi très réussies, il faut l’avouer. Le temps et le lieu ont fait le reste. Robes et vêtements, pour ces jeunes qui ne baisent pas, ne picolent pas, et ne fument pas non plus. Cela explique le côté si sage de cette présentation. J’ai rencontré un journaliste de 30 millions d’amis au premier rang, probablement pour disserter sur les bimbos éléphantesques de la Fashion Week de Paris. Quant à Gabriela, elle reprendra son jet privé pas encore électrique pour retourner s’inspirer ailleurs, mais ne lâchera pas « la proie pour Londres ».
Anonymode