MIU MIU DU VINTAGE TOUT NEUF

Miu Miu, un moment peu attendu pour imaginer la version de la femme en déguisement pour les « Uta de Ballenstedt » disparues depuis longtemps. Cependant, Miuccia va-t-elle nous servir ? Le premier rang était tartiné d’une joyeuse kermesse, allant d’une cow-girl en maillot de bain, une armée d’écolières en jupes plissées prêtes pour leur premier cours de récréation Manga.

Mais, cette saison, la femme rétro est de retour, cheveux « brushés » façon salon Manniatis, broches de mamie et soutiens-gorge à armatures sculptant la silhouette comme si les années 1950 étaient le nouveau cool de la série Madmen. Retour du bon vieux soutien-gorge conique, icône de la féminité exacerbée, relancé dans les années 80 par Madonna et « Jean Paul Gaulé » déjà copié à Elsa Schiaparelli et aujourd’hui par des Milléniums fascinés par tout ce qui précède leur naissance. Rien ne va plus comme avant ! Comme après non plus.

Bien sûr, on pourrait s’interroger : pourquoi se réimposer cette armure oppressante à une époque où les droits des femmes sont fragilisés ? Mais ne soyons pas rabat-joie. Les jeunes raffolent du vintage, du tailleur-jupe à la boucle d’oreille à clip, en passant par la très en vogue tendance « tradwife ». Comme l’a dit une créatrice croisée cette semaine, désespérée devant sa progéniture nostalgique : « Tout ce que mes enfants portent est vintage ». Eh bien, tant qu’ils ne demandent pas une ceinture de chasteté, tout va bien.

De toute façon, les chiffres parlent : la mini-jupe d’écolière, le haut tube et les mocassins de l’éternel étudiant ont propulsé Miu Miu vers des sommets financiers. Il ne fait donc aucun doute que ces soutiens-gorge pointus vont bientôt se vendre plus vite que des croissants un dimanche matin. Prada elle-même, en coulisses, a comparé l’époque actuelle à une guerre (rien que ça), expliquant que « nous avons besoin de féminité pour nous relever ». Visionnaire ou sarcasme non assumé ?

Côté casting, un melting-pot bien dans l’air du temps, avec Gigi Hadid et Sarah Paulson en renfort, un décor minimaliste, à base de murs jaune citron et d’une bande-son hôtel trois étoiles de province. Sur le podium, des femmes du passé revisitées : manteaux masculins ajustés façon pin-up, robes lingerie effleurant l’épaule, tailleurs impeccables, et bien sûr, le grand retour des chaussettes hautes portées avec des talons, parce que pourquoi pas !

Et puisqu’il faut bien vendre du neuf qui ressemble à de l’ancien, les enfants aiment le vintage ! Eh bien, offrons-leur du faux-vieux tout neuf. Je vous souhaite prospère, mais rimée.

FM