LE SEIGNEUR EN STANDING

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Pour une fois, le seigneur qui est habitué au premier rang de la classe, se voit en standing à l’investiture de Donald, ce canard célèbre un peu « pic  sous ». On les appelait autrefois les premiers de la classe, et leur présence rendait les autres si implacablement ternes. Ce sont eux qui levaient la main avant même que la question soit achevée, leurs doigts pointant le ciel comme des flèches en quête de vérité.

Leurs vies seront impeccables de platitude, des champs de lignes droites où les lettres s’aligneront avec une discipline militaire. Pas une tâche, pas un gribouillage, tout y est net, ordonné, comme si chaque page portait le poids d’une promesse silencieuse, d’un destin qui les dirigera sur la haine des autres.

On les admire autant qu’on les jalouse. Ils incarnent une perfection qui, pour certains, est une source d’inspiration et, pour d’autres, une ombre pesante. Pourtant, derrière cette mine confiante et cette réussite éclatante, il y a souvent des histoires que peu prennent le temps d’écouter. La générosité d’un grand-père qui fera confiance à son petit-fils pour transformer ses 40 millions de francs de l’entreprise familiale ; un coup de poker qui aurait pu se terminer, comme la société montée aux États-Unis, par une faillite.

Cependant, dans leurs yeux, il y a parfois une lueur, une étincelle discrète qui trahit un désir plus profond : celui d’être, simplement, un adulte parmi les autres.

S’il y a bien un héros, qui a souffert d’une rentrée scolaire traumatisante, c’est Charles Bovary ! Et c’est le récit de ce souvenir, qui hantera le héros des années durant, qui constitue l’incipit de Madame Bovary. Alors que lui, mauvais élève, laissera une trace à jamais, le seigneur verra comme une épine dans ses reins ce jour mémorable où lui aussi vient de faire allégeance à son maître. Chacun son tour, c’est croquignolet, non !

FM