RICK OWENS 2022
Sur la plage du Lido de Venise, des machines à fabriquer du brouillard – des petites boîtes pour nous enfumer – portées par les mannequins et des jets d’eau qui projettent d’énormes geyser vers le rivage, nous embrument tellement que cela nous empêche de voir la collection. C’est peut-être voulu que le spectacle soit noyé de cette vapeur sale, et devant l’Océan blême, assis sur un îlot, seul, loin de tout, je songe au clapotis du flot masqué dans le concert hurlant d’une musique de barbare.
Vision floue de tailleurs troués, avec pantalons blancs boueux, décrivant pour le créateur une élégante ambiance de hippies illustrée par des Led Zeppelin de pacotilles en pantalons à clochettes et chemises ouvertes. Espérons que ce Zeppelin-là ne va pas exploser. Sur le communiqué de peste l’explication méticuleusement et détaillée indique qu’il a fait appel à un certain nombre d’ateliers et de fournisseurs spécialisés, dont l’orfèvre Goossens et l’atelier plumassier français qui a fabriqué certains des célèbres costumes de Joséphine Baker.
Owens se prépare-t-il à lancer une collection de haute couture ? Certes non, dit-il, expliquant que son approche de la mode a toujours été d’introduire de la flamboyance et du glamour dans le prêt-à-porter. Une machine à crachin, pour simuler un concert de rock, avec encens pour le côté religieux, la mode finalement l’opium du peuple, « il adore ça », a-t-il déclaré. Mais, chez lui sa religion, c’est l’opportunisme, et pour surmonter la couture, faites appel à la raison.
Anonymode