UN MARAND ÉTHIQUE VIENNOIS
Jugé pour assassinat sur les réseaux sociaux de couturiers ainsi que de l’adoubement de plagieurs, ce tueur en série avança pour sa défense qu’il avait tué la couture de façon éthique et écoresponsable. Il pratiquait un abattage respectueux du bien-être de ces victimes, leur parlant avec douceur, les tuant par surprise et ne commençant l’étripage qu’après le décès pour finalement les faire disparaitre du calendrier. Il inscrivait son activité dans la perspective d’une croissance verte, pratiquant des disparitions de proximité pour en réduire l’empreinte carbone, effaçant les traces de fils avec du détergent biologique et enterrant les « corpus delicti » dans des emballages biodégradables dans le jardin de St Germain du Seigneur.
Chaque jour, le Marand, qui ne faisait rire personne, chassait le naturel à coup de crèmes antirides, pour que chaque nuit, il revienne au galop sur le cheval du temps.
Il avait construit sa vie comme les Égyptiens construisaient une pyramide, en empilant les cadavres de vieilles robes et les livres des autres. Ainsi, il travaillait sans relâche à l’édification de son génocide couture. Et quand sa dernière heure viendra, on lui demandera en quoi sa vie avait consisté, et il répondra « j’ai empilé les cadavres de robes des autres sans jamais rien y comprendre ». Il fut donc acquitté sous les applaudissements de l’homme de Tolède qui mangeait une Pavlova bien de circonstance.
FM