UN MOT DE TROP
Gens de mode, prenez garde aux choses que vous dites. D’un seul mot, et votre destin peut basculer, que vous l’ayez dit ou non ou qu’on vous l’ait prêté, peu importe. Et bien que vos amis soient sûrs et que vous parliez tout bas, cela peut être dangereux. Car même porte close, chez vous, sans témoin, vous murmurez à l’oreille d’un de vos amis de cœur, croyant presque vous taire, dans le fond d’une cave à trente pieds sous terre, un mot désagréable sur quelques individus.
Ce mot que vous croyez que l’on n’a pas entendu, que vous disiez si bas, court à peine lâché, part, bondit, sort de l’ombre. Tenez, il est dehors ! Il connaît son chemin, il marche, il a deux pieds, un bâton à la main, et de bons souliers ferrés, un passeport en règle, au besoin, il prendrait des ailes comme le Phoenix !
Il vous échappe, il fuit, rien ne l’arrêtera, il longe les quais, franchit la place de La Concorde, passe l’eau sans bateau en pleine saison des crues, et va, tout au travers d’un dédale de rues, droit chez le citoyen dont vous avez parlé. Il sait le numéro, l’étage, il a la clé, il monte l’escalier, ouvre la porte, passe, entre et arrive, railleur, regardant l’homme en face, et dit : « Me voilà ! Je sors de la bouche d’untel. » Et c’est fait. Vous avez un ennemi mortel.
FM