PARIGOT TÊTE DE VEAU
Parigot tête de veau ou Parigot tête de dévot, le leitmotive de ma jeunesse et de mes copains de pension qui habitaient Limoges ou Marseille. Dévot à Paris, Paname a son histoire et ses peuples des régions, elle a aussi ses églises, ses palais, ses grands boulevards où les écrivains, poètes, chanteurs, d’Aristide Bruant à Francis Lemarque en passant par Mouloudji racontent leur époque.
J’ai connu le Paris des bougnats aux cours crasseuses et aux toilettes sur le palier, à cette alternance de beaux immeubles et de « bois et plâtre », quand, enfant, j’habitais rue Pierre Semard qui témoignait d’une « mixité sociale » aujourd’hui introuvable.
Il en est de Paris comme de la dernière scène des « Visiteurs du Soir ». Paris, telle la femme de Loth, est changée en statue, mais de béton. Les immeubles modernes y ont poussé comme des champignons depuis soixante ans. J’arrive pourtant à me persuader que son cœur continue de battre et que les diables, qui deviennent enragés, restent dans le Paname de mon enfance.
A 17 ans, je quittais les tours Galaxie à cinq heures du matin, l’amour au cœur et le Paris de Dutronc qui s’éveillait peu à peu d’abord par les bars et cafetiers qui ouvraient déjà, le premier café sur le zinc immuable de l’intensité silencieuse.
Combien souffre ce monde pour devenir celui de l’homme moderne, d’être façonné entre les quatre murs d’un livre, qu’il soit ensuite remis aux mains de spéculateurs et d’extravagantes qui le pressent d’avancer plus vite que son propre mouvement. Comment ne pas voir là plus que de la malchance ! Une sorte de fatalité à l’aide d’une magie obscure pour ouvrir une aile de Phoenix pour, finalement, je l’espère renaître de nouveau.
FM