LA MAISON DU CAVIAR
Á deux pas des Champs-Elysées, la Maison du Caviar attire, chaque soir, une faune colorée appâtées par son décor fantasque signé Oitoemponto et une carte iodée qui fait voyager les papilles de Moscou à Vladivostok. Fondée en 1956 par l’importateur exclusif des caviars de la Mer Caspienne, et surtout sous l’impulsion de sa Majesté le Shah d’Iran, Mohammad Reza Pahlavi car le caviar se mange avec Alexandre le Grand. Un décor à mi-chemin entre les cabines cossues de l’Orient-Express fantasmé et un salon des années folles, les touristes, en grande majorité, peuvent prendre place sur les banquettes en velours frappé, avant de passer aux choses sérieuses, frappées, elles aussi, déguster la « vodka » … Nasdrovia !
Quelques bimbos russes y viennent, ayant quitté Moscou il y a un an, et vivent d’expédients en attirant le chaland dans la maison ; les bons comptoirs font les bons amis. On y déguste une myriade de caviars triés sur le « mollet » et servis dans un service à caviar en cristal de chez Baccarat à 1.200 euros pièce où la glace, par en dessous, garde frais le précieux sésame : caviar blanc de la réserve Kadjar, beluga d’Iran, Osciètre impérial…, ou encore une pomme de terre à la crème fraîche écrasée coiffée, elle aussi, de perles noires de la Caspienne, sans oublier une vodka délicieuse aromatisée aux noisettes.
Un festin de roi pour un prix tout à fait déraisonnable, mais ce n’est pas le sujet. La bimbo, qui m’accompagnait, m’avait dit qu’elle venait des « Lolo mite », mais en regardant sa poitrine, qui n’était pas celle d’Anita Hedberg, je lui répondis : « Vous voulez dire des Dolomites ? » Rien que pour cette imbécilité, le prix valait le coup. A notre départ, celle-ci était tellement saoul, comme une tapineuse de restaurant routier, que je n’ai pas pu comprendre son adresse. J’ai fini par la déposer au Centre Spirituel et Culturel Orthodoxe. Cela m’a semblé le meilleur endroit « quai « Branly ». Tout un programme ! Et, je suis rentré seul, car trop beurré d’humour.
FM